Mon Noël 29 décembre
Les festivités de Noël ont commencé le 24 au soir avec la visite du père-noël. Quand il est entré dans la maison, je l’ai regardé et je me demandais bien qui c’était. J’ai souris et après je courrais partout tellement j’étais excité. Il m’a donné un piano puis est reparti.
Ensuite, j’ai mangé à table avec mon papa, ma maman et mon frère ce qui est rare car les moments de repas sont souvent très agité pour moi.
Le 25 au matin fut plus compliqué. La magie de Noël avait déjà opéré la veille et il semblait que j’avais épuisé mon « quota »… alors devant les cadeaux je suis resté égal à moi-même : indifférent. Je n’ai d’ailleurs pas supporté l’effervescence qui régnait dans le salon au milieu de mon frère et de ma sœur qui riaient de plaisir. Je suis rapidement allé me réfugier seul dans ma chambre. Comme d’habitude, je suis monté sur ma table pour battre des ailes devant la fenêtre en observant le paysage enneigé. Cette fois, je suis tombé de la table sur une caisse en plastique qui a cassé sous mon poids. Je me suis entaillé le lobe de l’oreille et Papa a dû m’emmener aux urgences. L’ambiance n’était donc pas joviale en ce matin de Noël. Maman culpabilisait car elle ne m’avait pas offert tout de suite la boîte de pâte à modeler (ma passion du moment) car elle voulait que je m’intéresse à autre chose. Du coup j’ai simplement cherché à échapper à la joie ambiante que je ne comprenais pas.
Bref, me voilà aux urgences à 9h le 25 décembre, pour une fois il n’y avait pas la queue et ils m’ont pris tout de suite : bonne nouvelle. Des médecins m’ont examiné avant de dire à Papa qu’il fallait me recoudre. Mais comme j’étais trop agité et je montrais d’emblée que je ne supporterais rien « d’étranger » sur mon oreille, ils ne le feraient pas. Certes je hurlais et me débattais, non pas parce que j’avais mal mais parce que je ne comprenais pas où j’étais et pourquoi j’y étais. Les médecins ont dit que s’ils me recousaient, j’arracherais les fils. Encore une fois ils ont regardé Papa en lui disant « mon pauvre monsieur, on vous plaint », mais ils ne m’ont pas soigné. C’est sûr, avec moi, tout est compliqué, mais avec un peu de patience on arrive à beaucoup. Maman dit que les médecins sont peu psychologues, peu patients et surtout ne savent pas ce qu’est l’autisme. On dirait qu’ils ont peur de moi, peur que ma maladie soit contagieuse.
Quand on est rentré Maman était furieuse car mon oreille gardera une belle cicatrice. La blessure est assez profonde et j’arrache les croûtes dès qu’elles se forment. Elle dit que la prochaine fois, elle m’emmènera chez le vétérinaire, car eux sont patients et psychologues, car ils recousent les oreilles des chiens et des chats. C’est scandaleux que l’on ne me soigne pas parce que je suis autiste. La semaine dernière j’ai eu une bronchite et Maman a dû appeler le médecin. Il est venu mais ne m’a ni touché ni déshabillé, encore moins écouté les bronches (je hurle alors forcément ça prend du temps !) et alors que je toussais et que j’avais 40 de température il a dit à Maman « ça doit être une otite alors je donne ça et on a 80% de chance que ça passe ». Deux jours après, voyant mon état qui ne s’améliorait pas, Maman est retournée chez le médecin qui, toujours sans me déshabiller, dit que ça va passer. Bref, 4 jours après toujours 40 et la toux et comme Maman a appelé le médecin pour ma sœur qui avait une pneumonie, elle lui a demandé de me réexaminer. Verdict : bronchite et je n’avais pas le bon antibiotique. Cela fait peur car j’ai vu trois médecins avant d’en voir un qui prenne la peine de me soigner en me déshabillant et en prenant le temps de savoir ce que j’avais.
Tout cela pour dire que tout est compliqué avec moi et que même le jour de Noël, le handicap était là.
En revenant de l’hôpital, Maman m’a donné mon cadeau « playdoh » et j’étais ravi : je réclame ma pâte à modeler toute la journée. J’ai eu deux voitures télécommandées qui font le bonheur de Louis, un grand nounours qui m’accompagne dans mon lit et un bateau de pirates. J’ai eu des puzzles, un dinosaure et des jeux. J’ai finalement commencé à regarder mes nouveaux jouets en fin d’après-midi. Maman était finalement contente que j’accepte de changer mes habitudes en faisant d’autres puzzles et en jouant avec des jouets nouveaux.